mardi 15 janvier 2013

Comment aider notre fils...?

En résumé, fiston2 répugne à se lancer dans l'inconnu. Tout petit déjà, il se tenait à l'écart de toute situation nouvelle, avait besoin de l'observer, de l'apprivoiser, avant de l'essayer... Ce qui pouvait conduire à des moments parfois cocasses ou inconfortables, c'est selon... Je me souviens de sa première leçon d'observation des cours d'initiation musicale : invité avec son frère à participer à la leçon, il avait refusé sec - il avait presque 5 ans - et s'était traîné dans toute la salle, en répétant à haute voix : "c'est n'importe quoi, n'importe quoi...". Quelques mois plus tard, en début d'année académique, il avait accepté d'être inscrit et s'était comporté comme un chef, pendant 3 ans. Je me souviens aussi de sa participation au premier spectacle de sa classe, à l'école, toujours à 5 ans. L'enseignante nous avait convoqués, nous les parents, pour faire connaissance, et nous avait glissé que fiston2 ne voulait pas jouer de rôle dans le spectacle. Compréhensive, elle lui avait simplement suggéré d'être assis parmi les autres, sans rien faire. Mais fiston2 allait généralement se cacher sous une chaise... Le jour J, il avait été à la hauteur, et depuis, il a un sacré don de comédien :o).

Ceci en préambule. Certains enseignants, en l'occurrence les deux enseignantes dont je parle plus haut, ont été "à la hauteur", bienveillantes. Fiston2 se sentait en sécurité affective. Il progressait.

Depuis quelques années, depuis la 1ère primaire - il avait 7 ans -  il n'est plus heureux à l'école. Les devoirs l'horripilent, apprendre par coeur lui donne des hauts le coeur, socialiser à tout prix avec certains enfants qui n'ont pas grand chose en commun avec lui hormis l'âge et certains stades de développement (c'est énorme, bien sûr, mais au point de vue intérêts et comportement, fiston2 a toujours été marginalisé) le bloque. Avoir des évaluations, puis des notes, l'énerve, le stresse, le fait se sentir "cancre" (je reprends ses termes). Pendant une longue année, il pleurait sur son lit souvent au moment des devoirs. Nous avions l'impression d'être ses bourreaux, nous qui le forcions à avaler des heures et des heures d'école. Il était triste, limite déprimé.

Il y a 1-2 ans, nous avons appris, incidemment, que son enseignante lui "criait" dessus. Lui-même n'en parlait pas vraiment, mais la vérité est sortie de la bouche d'un camarade de classe, dont la maman est une amie. Ledit camarade était un peu choqué et ne comprenait pas. Fiston2 nous a confirmé - et imité, j'en avais les larmes aux yeux - son enseignante le prenant à partie. Son frère, impressionné, a confirmé (son frère était alors dans la même classe). Plutôt que de m'adresser à l'enseignante, j'ai préféré faire jouer le dialogue entre professionnelles : la psychologue scolaire s'est proposée pour dialoguer avec l'enseignante. Qui a reconnu sa dureté, expliquée comme étant nécessaire, car Fiston2 avait des capacités "dormantes", qu'il fallait réveiller. Gloups. Heureusement, il restait peu de semaines avant la fin de l'année académique..., et Fiston2 a expliqué que ça allait mieux. Pourquoi crier sur un enfant qui ne pose aucun problème de comportement, simplement parce qu'il ne répond pas exactement aux attentes du système scolaire, parce qu'il a des difficultés, parce qu'il est un peu perdu, un peu rétif aussi ? J'ai quand-même l'impression que c'est tout faux... Marcher droit, en rang, voilà qui me fait horreur.

Bref, nous avons beaucoup discuté, fiston2 est un grand "discutailleur", beaucoup câliné aussi. Essayé de lui faire comprendre qu'il y avait des bases qu'il devait connaître, dans plusieurs domaines, afin d'avancer dans la vie et de garder le plus de portes possible ouvertes pour son avenir. Du blabla à cet âge. Mais les mots pansent, parfois, et plus que les mots, l'intonation, l'intention. Nous avons mis en place des aides ponctuelles, sur plusieurs mois ou semaines, pour l'écriture, pour apprendre à apprendre, l'ostéopathie... La psychologue scolaire qui l'a suivi environ une année, a trouvé qu'il n'a aucun déficit cognitif, qu'il a de nombreux atouts. Certes, certes. Mais les livrets, par exemple, ne rentrent pas, depuis 3 ans... Nous avons essayé de très nombreuses méthodes, en plus de la répétition. Idem pour l'allemand. Dès qu'il s'agit d'ingurgiter, rien de va. Par contre, s'il est intéressé par des sujets, histoire, géo, dessin, il plane...

Nous avons repris rdv avec une pédo-psychiatre. Fiston2 est malheureux, j'aimerais savoir que faire... A mon avis, il n'est psychiquement pas disponible pour certains apprentissages. Mais ce n'est qu'un ressenti, et puis : que faire avec ça ?

Nous aurions aimé lui permettre de rejoindre une équipe éducative différente. J'ai visité des écoles Montessori (chères comme toutes choses en Suisse), lu quantité de livres sur des écoles "différentes", Sudbury, Brockwood, d'autres drôlement intéressants sur l'école et la déscolarisation, John Holt, John Taylor Gatto, etc.

Je suis davantage consciente de certaines choses. Mais je suis dans la pensée, et je n'arrive pas à faire le lien avec l'action.

Un vrai challenge, l'éducation... Ca remet puissamment en question, ce qui nous enrichit. Même si on passe par des périodes compliquées, il y a du constructif partout.